La formation, levier stratégique face aux tensions de recrutement

Le baromètre « Entreprises & Formation 2025 » du MEDEF en date de septembre 2025  dresse un constat clair : la formation professionnelle est aujourd’hui au cœur des enjeux de performance et de compétitivité, mais reste encore insuffisamment mobilisée, en particulier dans les TPE-PME.

Des tensions de recrutement persistantes

Près d’une entreprise sur deux déclare rencontrer des difficultés pour recruter. Ces tensions se concentrent sur les métiers techniques, les fonctions de production et les postes commerciaux, avec trois causes principales :

  • la pénurie de main-d’œuvre sur les métiers en tension,
  • le déficit de compétences techniques des candidats,
  • le manque d’attractivité de certains secteurs ou territoires

Pour y faire face, 76 % des entreprises envisagent de recourir à la formation, aussi bien pour développer les compétences internes que pour intégrer des profils plus éloignés de l’emploi cible.

La formation, première réponse des entreprises

La priorité des employeurs reste la montée en compétences des salariés en poste (24 %), suivie du développement de l’alternance (22 %) et de la formation des nouveaux entrants (17 %). Ces choix traduisent une conviction forte : la formation n’est pas seulement un outil d’adaptation, mais aussi un levier de fidélisation et d’intégration.

L’alternance poursuit par ailleurs sa croissance spectaculaire, avec plus d’un million de contrats signés fin 2024, contre moins de 450 000 en 2018.

On constate également que le présentiel reste majoritaire mais la diversification des format se fait de plus en plus présente. Le coaching et le compagnonnage / tutorat/ co-développement s’installent.

TPE-PME : un accès encore trop limité

Si les grandes entreprises disposent souvent de services RH structurés, les petites structures peinent à mobiliser les dispositifs existants. Plus de 60 % des TPE jugent ne pas former suffisamment leurs salariés.

Les freins sont bien identifiés :

  • le coût des formations (60 %),
  • le manque de temps pour libérer les salariés (58 %),
  • une offre de formation jugée trop éloignée des besoins ou du territoire
  • La complexité administrative et la difficulté à qualifier les besoins viennent accentuer ce sentiment d’isolement.

Mieux outiller et évaluer la formation

Seule une entreprise sur deux formalise un plan de développement des compétences. Dans le bâtiment, cette pratique reste rare dans les TPE, faute d’outils simples et adaptés.

Par ailleurs, l’évaluation des effets de la formation reste limitée : on mesure encore surtout le nombre d’heures ou le budget consacré, mais rarement l’impact réel sur la performance des chantiers ou la qualité de réalisation.

  • 75 % des entreprises < 50 salariés sans plan de compétences formalisé
  • Indicateurs majoritairement quantitatifs (heures, coûts)
  • Peu de suivi de l’impact concret en situation de travail

Des pratiques encore trop centrées sur l’obligatoire

Autre enseignement du baromètre : la majorité des actions de formation restent guidées par les obligations réglementaires (sécurité, habilitations, etc.). Si elles sont évidemment indispensables dans le BTP, elles ne suffisent pas à préparer l’avenir.

La formation devrait aussi accompagner les transitions stratégiques : adaptation aux nouveaux matériaux, intégration du numérique (BIM, capteurs connectés), gestion des chantiers bas carbone, organisation du travail plus collaborative. De plus en plus d’entreprises se tournent alors vers de l’ingénierie sur mesure en fonction de leur besoin.

Pour le secteur du bâtiment en Bretagne

Ces constats résonnent fortement avec les réalités du bâtiment, filière soumise à des tensions de recrutement aiguës et engagée dans de profondes mutations : transition énergétique, innovation numérique, attractivité des métiers.

Renforcer les dispositifs de formation, simplifier leur mobilisation pour les artisans et PME, et mieux relier les besoins locaux aux parcours de formation sont des conditions essentielles pour soutenir l’emploi et accompagner les transformations du secteur.

Le baromètre le montre : la formation est une clé de performance mais aussi une clé d’avenir. Pour les entreprises du bâtiment, investir dans les compétences, c’est à la fois sécuriser leurs chantiers, attirer de nouveaux talents et accompagner la transition écologique.

👉 La Fédération du Bâtiment Bretagne et ses Fédérations départemantales se tiennent aux côtés de ses adhérents pour :

  • identifier les besoins réels de formation,
  • construire des plans de compétences adaptés,
  • mobiliser les bons dispositifs de financement,
  • faciliter le lien avec les CFA, organismes de formation et OPCO.

Ensemble, faisons de la formation un levier concret pour bâtir durablement l’avenir de notre filière.

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