Interview - Florence Poivey, Présidente Worldskills France

« Les Worldskills, une vitrine pour la jeunesse et les métiers »

Rencontre avec la présidente de Worldskills France à Marseille lors de la Compétition des Métiers 2025.

Florence Poivey, comment définiriez-vous les WorldSkills ?
Les WorldSkills sont véritablement les Jeux Olympiques des métiers pour les jeunes de moins de 23 ans. En France, ce sont les Régions qui organisent les sélections régionales dans le cadre de leurs missions d’orientation. Cette année, près de 9 000 jeunes ont souhaité tenter l’aventure. Le champion d’or de chaque métier régional accède à la finale nationale. À Marseille cette année, nous avons accueilli 750 jeunes venant défendre un titre national. Le médaillé d’or obtient la qualification pour la finale mondiale à Shanghai en 2026, tandis que le médaillé d’argent se prépare pour le championnat européen de Düsseldorf dans deux ans.

Au-delà de la performance technique, quelle est la vocation sociétale de WorldSkills ?
Notre raison d’être est de mettre le métier au cœur de l’envie et de la fierté de chacun. Ce « chacun » inclut le jeune, sa famille, le professeur et le patron — tout son environnement. Nous sommes profondément convaincus que la formation professionnelle est une voie d’épanouissement. Les WorldSkills offrent une vitrine pour la jeunesse et pour les métiers portés par la voie professionnelle.

Comment avez-vous vécu l’édition de Marseille cette année ?
Nous avons accueilli 25 000 collégiens, et ce qui m’a frappée, c’est la qualité de préparation de ces jeunes. Ils étaient curieux, impliqués, posaient des questions pertinentes. Cela reflète une vraie mobilisation du corps professoral. Nous travaillons en étroite collaboration avec l’Éducation nationale, car inspirer les jeunes est essentiel : l’envie de découvrir précède l’inspiration.

Quelle est la place de la France sur la scène internationale des métiers ?
Il y a toujours du travail à faire, mais nous progressons beaucoup. Nous avons été champions d’Europe à Herning, au Danemark il y a quelques semaines, ce qui illustre la force du collectif. La fierté métier est portée de façon croissante par les organisations professionnelles, l’éducation nationale et les entreprises. Comparée à la Suisse, l’Autriche ou l’Allemagne, la France a encore du chemin, mais nous rattrapons rapidement. La reconnaissance européenne montre que la formation professionnelle peut être une voie d’excellence.

Que se passe-t-il après WorldSkills France ?
Nous fonctionnons par cycles de deux ans. Dès la fin de l’année, nos deux équipes de France se prépareront pour l’Europe et le Monde. Nous ajustons les programmes pour que chaque expérience soit la plus enrichissante possible. L’automne 2026 marquera le lancement des nouvelles sélections régionales. Mais au quotidien, nous continuerons à mettre le métier au centre de l’envie et à faire rayonner cette excellence, notamment grâce aux compétiteurs qui deviennent eux-mêmes de formidables ambassadeurs.

Vous évoquez l’investissement des jeunes et des entreprises, pouvez-vous développer ?
L’investissement des compétiteurs est impressionnant. Certains, après avoir participé au championnat européen, reprennent du temps pour accompagner les nouvelles générations. Les entreprises jouent un rôle essentiel, en les soutenant et en leur permettant de concilier formation, compétitions et transmission. C’est un engagement remarquable qui fait vivre pleinement l’esprit WorldSkills.

Que retenez-vous de cette édition marseillaise ?
Ces trois jours ont été une vitrine de l’excellence française, un moment unique pour valoriser les métiers, former des vocations et inspirer les jeunes. La passion, l’exigence et la fierté que j’ai vues ici démontrent que la voie professionnelle est bien plus qu’une simple formation : c’est un véritable tremplin pour la réussite et l’épanouissement personnel.

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